Covid-19 en Polynésie : Accusé d’être « aux abonnés absents », l’État assure la « solidarité nationale » pour la Collectivité
Édouard Philippe a finalement adressé un courrier au président de la Polynésie ©Bertrand Guay / AFP
Accusé d’être « aux abonnés absents » depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19, notamment sur le volet économique, Édouard Philippe et le Haut-commissaire de la République en Polynésie ont assuré que « la solidarité nationale » annoncée par Emmanuel Macron s’appliquerait aussi à cette Collectivité d’Outre-mer du Pacifique.
« Le Premier ministre avait indiqué dès l’amplification de la crise que la solidarité nationale s’applique et s’appliquera pleinement dans le cadre des compétences d’Outre-mer », a rappelé le Haut-commissaire de la République en Polynésie, Dominique Sorain. Le Premier ministre a également répondu directement au président de la Collectivité Édouard Fritch alors que ce dernier, ainsi que d’autres élus et chefs d’entreprises, ont vainement interpellé Paris sur l’aide économique apportée à la Polynésie dans cette crise.
« Des mesures ont été annoncées et vont s’appliquer en Polynésie française » a assuré Dominique Sorain. « L’État va octroyer des liquidités aux banques et garantir les prêts octroyés par les banques aux entreprises via la Banque publique d’investissement. L’État va créer un fond de solidarité au profit des petites entreprises. Les prêts de la Banque des Territoires ou de l’Agence française de développement seront plus que jamais mobilisés. Enfin, l’État accélère le versement des dotations aux communes et au Pays pour soutenir leur trésorerie et leur permettre de payer les entreprises », énumère-t-il.
S’en remettre à Dieu avant l’État
Jeudi 26 mars, les élus de l’Assemblée territoriale de la Polynésie ont voté un collectif budgétaire de 270 millions d’euros pour financer le plan de sauvegarde économique de la Collectivité. Mais durant cette séance, le « silence assourdissant de l’État » avait été vivement critiqué. « Seuls nous ne tiendrons pas plus de trois mois » avait alerté la présidente du groupe de la majorité Tapura Huira’atira d’Édouard Fritch. « Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’attendre patiemment les aides de l’État (…). Il est regrettable que le président de la République ait oublié le bassin Pacifique lors de son discours de Mulhouse ».
Plusieurs élus ont rappelé les courriers adressés au gouvernement d’Édouard Philippe, sont restés « lettres mortes », « sans réponses », « sans même accuser de réception ». « La Polynésie et plus généralement le bassin Pacifique existent et font bien partie de la France », lance une autre élue proche de la majorité. « Force est de constater que dans la mappemonde de la République française, la Polynésie n’existe pas » a ajouté le député indépendantiste Moetai Brotherson, qui différencie la représentation de l’État en Polynésie « de bonne volonté » et le gouvernement à Paris.
Ironiquement, le président de la Polynésie Édouard Fritch, pourtant proche du gouvernement d’Édouard Philippe, préférait s’en remettre « à Dieu d’abord » car « l’État je ne suis pas sûr ». Finalement, l’État aura répondu avant Dieu.
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Auteur : J.-T